Au temps du fleuve Amour 

Au temps du fleuve Amour _ Andreï Makine (Éditions du Seuil) 

Quatrième de couverture : « Les héros de ce livre appartiennent à un autre monde : le pays du grand blanc, au bord du fleuve Amour. Un petit village de Sibérie où l’on est obligé parfois de sortir d’une isba ensevelie sous la neige en creusant un tunnel vers la lumière du jour.
Dans ces lieux de silence, la vie pourrait se confondre avec de simples battements de cœur si chaque mouvement de l’âme n’apportait sa révélation. Alors, le désir naît, de la sensualité des corps comme de la communion avec la nature offerte. L’amour a l’odeur des neiges vierges dans la profondeur de la taïga.
Soudain, tout est bouleversé.
L’Occident fait signe. D’abord un train qui passe, le mythique Transsibérien. Puis un film français, vision d’une existence éblouissante, appel peuplé de grandes actions et de créatures sublimes. Le vertige d’une autre histoire née sur les rives Amour, aux berges de l’adolescence. »

 
Chronique :  

Bienvenue dans un autre monde. Là-bas, les hommes « font » les femmes, les seules nouvelles croustillantes sont celles, rares, des aventures d’une enseignante avec un chauffeur de poids lourd, et la vie s’écoule au rythme des nuits polaires.
Au temps du fleuve Amour est un délicieux récit initiatique. On y suit le narrateur, Dimitri, et ses deux amis, tous adolescents. Ici, pas d’aventures épiques et tonitruantes, juste la découverte, du corps, de la sensualité et de son identité, dans un univers ouaté par l’omniprésence de la neige,

Une quête de soi divisée entre l’Orient et l’Occident. Et où, par le biais du cinéma, Belmondo devient un modèle, un exemple, un repaire.
Parfois la situation pourrait être totalement absurde, démonstration de l’excès et de l’emballement de la jeunesse, mais Makine sait trouver les mots pour que chaque chose qui arrive aux personnages devienne un acte important, formateur, formel.

Ce roman se lit en douceur, comme s’il était murmuré. Comme s’il existait pour ne pas déranger. L’auteur, du bout de sa plume habile, dessine et donne vie à la rudesse de la vie dans la taïga, aux remous incessants des sentiments qui habitent nos jeunes adultes en devenir.
Au fin fond de la Russie, ils s’accrochent aux rares éléments en leur possession pour s’imaginer ce qu’est la vie, ce qu’est l’amour, et rêver d’Europe et de promenades en bord de Méditerranée.

On se laisse porter sans mal le long de ce doux cours d’eau qu’est l’écriture de Makine.
Il s’agit pour moi d’une découverte totale. C’est la première fois que je lis un roman d’ Andreï Makine. Litt.Maria, sur Instagram, m’a parlé de cet auteur et m’a vanté les qualités de sa plume, et son talent de poète romancier. Je dois avouer qu’elle ne m’a pas menti !

Merci beaucoup aux Éditions du Seuil de m’avoir permis d’embarquer le temps d’une lecture au bord du fleuve Amour !

— Le plus : sans hésiter la qualité de la rédaction. Tout est finesse, images, sentiments ! Très agréable à lire.

— L’autre plus : l’immersion en Sibérie est réussie. On ressent le poids de la neige, les jeux entre soleil et terre, et l’on découvre même au fin fond du pays, l’impact du communisme sur les populations. Dépaysant, et intéressant.

— Le moins : parfois quelques longueurs.

Je ne pouvais plus attendre. Il me fallait tout de suite comprendre qui j’étais. Faire quelque-chose avec moi-même. Me donner une forme. Me transformer, me refondre. M’essayer. Et surtout découvrir l’amour. Devancer la belle passagère, cette fulgurante Occidentale du Transsibérien. Oui, avant le passage du train, je devais me greffer dans le cœur et dans le corps ce mystérieux organe : l’amour.