L’Oiseau du Bon Dieu 

L’Oiseau du Bon Dieu _ James McBride (Éditions Gallmeister

Quatrième de couverture : « En 1856, Henry Shackleford, douze ans, traîne avec insouciance sa condition de jeune esclave noir lorsque le légendaire abolitionniste John Brown débarque en ville avec sa bande de renégats. Henry se retrouve libéré malgré lui et embarqué à la suite de ce chef illuminé qui le prend pour une fille. Affublé d’une robe et d’un bonnet, le jeune garçon sera brinquebalé des forêts où campent les révoltés aux salons des philanthropes en passant par les bordels de l’Ouest, traversant quelques-unes des heures les plus marquantes du XIXe siècle américain. »

Chronique : 

Envie de plonger dans un livre d’aventure épique et drôle ? L’Oiseau du Bon Dieu pourrait bien vous plaire. On y suit le parcours chaotique et parfois absurde de l’Echalotte, un jeune esclave libéré malgré lui par le Capitaine John Brown. Un vieil homme laid, en loques, qui voue sa vie au combat pour l’abolition de l’esclavage et au Tout Puissant avec qui il communique.  

Oubliez tout ce que vous pensez du Western. L’Oiseau du Bon Dieu révolutionne le genre ! Entre le jeune garçon obligé par un malentendu de se faire passer pour une fille, le Capitaine qui ne jure que par la guerre et la prière (longue, parfois des heures durant), la troupe de combattants qui comme par magie se disloque dès qu’une bataille approche… Nous avons bien affaire à une équipe d’anti-héros de choc, mais on s’attache à chacun d’eux avec une grande facilité. 

Il est important de savoir que John Brown a réellement existé. L’auteur, via Henry, nous fait rencontrer ce personnage peu connu en France (je n’en avais jamais entendu parler) mais qui, aux États-Unis, a marqué les mémoires grâce au combat acharné qu’il a mené contre les esclavagistes. Atypique, fervent serviteur de Dieu, il aura donné sa vie pour libérer les noirs. Un homme guidé par une folie douce dans un combat abominable.  En effet, L’Oiseau du Bon Dieu, bien que décapant, évoque un sujet douloureux de l’Histoire. Au fil des pages l’auteur nous propose de partager le quotidien d’abolitionistes, d’esclaves et d’esclavagistes. Il nous parle de guerre et de sang. L’humour de l’Echalotte est alors le moyen de rendre la gravité de la réalité plus digeste.  

En bref : j’ai beaucoup souri, parfois même ri à la lecture des aventures houleuses et désopilantes du jeune Henry (Henrietta puisque forcé de porter la robe) libéré de l’esclavage par un vieil illuminé dont il cherche constamment… à se libérer. Grâce au récit de l’adolescent, on découvre aussi une Amérique en effervescence, à l’aube de la Guerre de Sécession et un personnage incroyable : John Brown. 

— Le plus : Le roman fourmille d’expressions vraiment délicieuses et la façon de parler du narrateur (qui nécessite une page ou deux d’adaptation tout de même) est au final agréable à lire : on l’entendrait presque nous parler. 

— Le moins : Les longueurs entre les phases « d’action ». 

 
Un grand merci aux Éditions Gallmeister pour cette surprenante découverte. Je ne l’oublierai pas de sitôt. 

Et au-dessus de l’église, tout là-haut, dans le ciel, un étrange oiseau noir et blanc décrivait des cercles, cherchant un arbre où se percher, un arbre malade, j’imagine, sur lequel il pourrait se poser et se mettre à l’ouvrage, pour qu’un jour cet arbre tombe et nourrisse les autres.