Mon avis sur : La fille pas sympa, de Julia March

 (Editions Seramis

Quatrième de couverture : « Imagine : autour de toi, des personnes qui parlent dans une autre langue que la tienne depuis ta naissance, qui se comprennent et plaisantent entre elles. Tu es là, tu les regardes faire, mais sans comprendre. Parfois, tu aimerais bien entrer dans la danse, faire partie de ce joyeux brouhaha, mais une frontière invisible que tu es seule à voir vous sépare. La plupart du temps, cette distance n’est pas gênante.
Tu n’as jamais eu conscience de ne pas faire partie des leurs, jusqu’au jour où on te l’a hurlé, jusqu’au jour où quelqu’un t’a démasquée et que tous les regards se sont tournés vers toi avec suspicion. Tu ne sais pas exactement quand c’est arrivé, en revanche tu as appris la leçon : passer inaperçue, te fondre dans la masse, performer la normalité.
Tout cela n’était pas négociable, c’était même devenu une question de survie. Des années plus tard, j’ai appris à me créer ce « joyeux brouhaha », à m’inventer une danse sociale bien à moi et, mieux encore, à y entraîner par inadvertance ceux qui croisaient distraitement mon chemin.
Ce livre est dédié à tous les chelous, les ratés, les tarés, les anormaux, les excentriques, les fous, les incorrigibles, les inéducables, les pas sortables…
Et à tous ceux qui, derrière leur écran de normalité, se regardent seuls dans le miroir en se demandant : « C’est quoi, mon problème ? ». »

 

Chronique : 

Très belle surprise pour cette lecture commune d’automne avec Maïté, de Mademoiselle Lit : allez lire sa chronique !

Dès ses premiers jours, Julia se comporte différemment des autres bébés, puis des autres enfants, adolescents, adultes… Julia est en réalité autiste Asperger, mais elle ne l’apprendra que très tard.

Ce livre est son autobiographie. Le témoignage d’une vie difficile, les termes « enfer » et « infernal » sont d’ailleurs récurrents au fil des chapitres.

Julia est différente, elle s’en rend compte mais ne peut mettre de mots sur ce syndrome qui l’isole de tout. Elle met d’abord sa particularité sur le compte de son éducation, au cœur des Témoins de Jéhovah, puis, avec son imagination débordante, se demande si elle n’est pas simplement une extraterrestre, ou issue d’un troisième genre, ni fille ni garçon.

A ces longues années de questionnement, s’ajoutent les efforts indispensables qu’elle doit faire pour rentrer dans un moule sociétal auquel elle ne comprend rien. Sa façon d’interagir avec les autres ne correspond pas au « code » de la société. Elle aime d’amour son chat mais n’a que faire de l’affection des humains. Elle est incapable d’interpréter les signes non-verbaux… Alors elle s’isole au maximum et, quand elle ne peut se retrancher dans un grenier, dans un coin lecture ou sur le carrelage du petit coin, elle s’applique à jouer la normalité.

Ce livre est le témoignage d’un véritable combat, mais est loin d’être sombre. Julia nous partage son histoire sans filtre, avec même une jolie dose de franchise assaisonnée d’humour. C’est un éclairage nécessaire sur la vie des autistes Asperger et plus globalement sur la différence et la tolérance. Le tout sur fond d’embrigadement sectaire et de violences familiales…
Julia est loin d’avoir été gâtée ! Son histoire, celle d’une battante, est aussi une belle leçon d’optimisme.

Le livre est aussi captivant qu’agréable à lire. La plume de l’auteure est fluide, le choix des mots est simple et va à l’essentiel… J’aime beaucoup.

Je remercie les éditions Seramis pour l’envoi judicieux de ce témoignage touchant. A lire !