Chronique
Quand le mal prend le dessus sur l’épris.
Tout est dit. Tout est dit dans le titre. Tout est dit dans le texte.
Je ne vais pas m’étaler sur une longue chronique, car je ne m’en sens pas capable, et qu’après quelques jours de digestion je peine encore à trouver les bons mots pour parler de ce roman et de l’effet qu’il a eu sur moi (une nuit blanche tout de même m’sieurs dames).
Bénédicte Soymier nous glisse aux côtés de Paul. Il n’a rien pour lui, si ce n’est son désir d’aimer, et surtout, d’être un jour vu, entendu, aimé. Un homme tout cabossé de l’intérieur qui s’éprend trop vite, trop mal. De sa voisine d’abord, si belle, si désirable, qu’il arrive à séduire avant qu’elle ne le rejette, l’ignore, le mettant au bord de l’âbime nerveux. Puis d’Angélique, une collègue solaire et seule qui a besoin d’être sauvée autant qu’elle aime elle-même sauver. Une aubaine pour ce désespéré Paul.
Et nous, lecteurs, nous suivons donc l’homme de près, ses manies qu’on sent malsaines, inquiétantes, son désir, son amour qui semble si sincère parfois. Et puis ses basculements, le poing qui se serre.
S’il est mal-épris, nous sommes clairement mal à l’aise.
Le Mal-épris parle de la violence que rien n’excuse, que peu de choses expliquent, qui ne résulte pas forcément d’une haine tenace, ou d’un désir malsain de faire souffrir. Les failles peuvent être multiples et variées.
Le Mal-épris parle aussi des difficultés de se sortir d’une spirale infernale. Du temps qu’il faut pour arrêter d’espérer. Pour trouver la force de dire stop, de partir, de recommencer.
J’ai aimé ce roman parce qu’il offre un point de vue que j’ai rarement vu dans des récits sur des violences conjugales. Et qu’il m’a semblé sonner douloureusement juste.
Premier roman… je m’incline, je dis bravo, et je dis aussi merci @au.fil.des.livres. Pas que la lecture fut un parcours de santé reposant, non, mais elle m’a pourtant apporté bien plus que je ne pouvais l’imaginer. Un écho, des réponses, des confirmations, un soulagement.
Résumé de l’éditeur _ Calmann-lévy
« Ça lui ronge les tripes et le cerveau, plus fort que sa volonté – une hargne qui l’habite, une violence qui déferle tel un vent d’orage, puissante et incontrôlable. Il voudrait lâcher mais ne pense qu’à frapper. »
Paul est amer. Son travail est ennuyeux, il vit seul et envie la beauté des autres. Nourrie de ses blessures, sa rancune gonfle, se mue en rage. Contre le sort, contre l’amour, contre les femmes.
Par dépit, il jette son dévolu sur l’une de ses collègues. Angélique est vulnérable. Elle élève seule son petit garçon, tire le diable par la queue et traîne le souvenir d’une adolescence douloureuse.
Paul s’engouffre bientôt dans ses failles. Jusqu’au jour où tout bascule. Il explose.
Une radiographie percutante de la violence, à travers l’histoire d’un homme pris dans sa spirale et d’une femme qui tente d’y échapper.
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