– JC Lattès –
Quatrième de couverture : « Chacun de nous abrite-t-il quelque chose d’innommable susceptible de se révéler un jour, comme une encre sale, antipathique, se révélerait sous la chaleur de la flamme ? Chacun de nous dissimule-t-il en lui-même ce démon silencieux capable de mener, pendant des années, une existence de dupe ? ».
Mon avis :
Sobre et saisissant ! Ce roman court et intense vous emporte de sa première à sa dernière page dans un seul et fébrile mouvement respiratoire. L’immersion est immédiate, efficace. La plume de Delphine de Vigan propulse le lecteur dans l’intimité de plusieurs personnages.
Il y a Hélène, l’institutrice, qui se préoccupe du sort de son jeune élève Théo, douze ans. Une préoccupation qui devient obsession car elle réveille en elle des souvenirs douloureux longtemps enfouis au plus profond d’elle-même.
Il y a Mathis, le meilleur ami de Théo, à la vie à la mort. Témoin et complice du naufrage de son camarade. Il y a aussi Cécile, la maman de Mathis. Mère au foyer en apparence discrète, un nouveau « elle » s’empare d’elle quand elle comprend que son foyer n’est parfait qu’en apparence. Que ses sacrifices ont étés vains…
Enfin, il y a Théo, un enfant réservé, distant diront ses professeurs. Mais que cache ce détachement ? Les traumatismes d’une enfance stoppée net au divorce de ses parents. Une vie scindée, partagée entre deux foyers. Une vie de mensonges, sans affection, rendue plus insupportable encore par les acouphènes qui lui volent son repos. Son échappatoire ? L’alcool.
Les Loyautés, c’est le récit de ces gens qui se retrouvent un jour face à eux-même, et face aux autres. Et qui doivent faire le choix de la loyauté envers ce qu’ils sont ou croient être, et la lâcheté. Entre le silence et la vérité. Entre la vie et la mort.
Les violences morales et physiques (volontaires ou plus insidieuses) qui brisent une enfance et se répercutent à l’âge adulte sont au coeur du récit. Le livre nous rappelle d’être vigilants, et de savoir interpréter les bons signes, au bon moment.
Encore une fois, Delphine de Vigan tape dans le mille sans en faire des tonnes. Avec ses phrases simples, ses mots justes, elle effleure les tréfonds de l’âme et pousse le lecteur dans ses retranchements. Il suit, le souffle coupé, les aventures de ces êtres humains, ce contre-la-montre. Et il s’inquiète jusqu’à la dernière page de savoir qui, des ténèbres ou de la lumière, remportera cette manche.
En bref : j’ai adoré ! Je craignais de ne pas retrouver l’intensité de Rien ne s’oppose à la nuit et de Jours sans faim. Je ne suis pas déçue, loin de là ! Delphine de Vigan excelle dans l’art de révéler les douleurs, les secrets, les haines, les amours et les espoirs… Avec une sobriété percutante, elle traduit les nombreux maux de la société, ceux qui ne se disent pas, mais qu’elle écrit si bien.
Un coup de cœur ? Oui ! Je recommande !
Ca donne envie de le lire en tout cas ? !!