Stupeur et tremblements 

Stupeur et tremblements _ Amélie Nothomb (Le Livre de Poche)  

 

Quatrième de couverture : « Au début des années 1990, la narratrice est embauchée par Yumimoto, une puissante firme japonaise. Elle va découvrir à ses dépens l’implacable rigueur de l’autorité d’entreprise, en même temps que les codes de conduite, incompréhensibles au profane, qui gouvernent la vie sociale au pays du Soleil levant. D’erreurs en maladresses et en échecs, commence alors pour elle, comme dans un mauvais rêve, la descente inexorable dans les degrés de la hiérarchie, jusqu’au rang de surveillante des toilettes, celui de l’humiliation dernière. Une course absurde vers l’abîme – image de la vie –, où l’humour percutant d’Amélie Nothomb fait mouche à chaque ligne. Entre le rire et l’angoisse, cette satire des nouveaux despotismes aux échos kafkaïens a conquis un immense public et valu à l’auteur d’Hygiène de l’assassin le Grand Prix du roman de l’Académie française en 1999. »

 

Chronique : 

Voilà une lecture de celles qu’il est difficile d’oublier. On reconnaît immédiatement la touche Nothomb (que j’avais découverte il y a quelques semaines avec Métaphysique des tubes). Des phrases bien ficelées, fluides, et riches en vocabulaire. L’ensemble est très agréable à lire et rythmé. Facile à lire d’une traite ou deux. 

L’histoire elle aussi n’est pas déplaisante. Absurde, drôle, sur fond de culture nipponne. On se délecte des mésaventures d’Amélie qui, contrairement au commun des mortels, vit une déchéance professionnelle au lieu de gravir les échelons. La narratrice nous en parle avec beaucoup d’humour et ponctue son récit d’éclaircissements sur la façon de se comporter, ou non, en société au Japon. Impossible de ne pas entrer dans l’histoire ! On enchaîne les pages avec curiosité en se demandant jusqu’où Amélie va bien pouvoir tomber, faute de se défenestrer réellement du 44ème étage de l’immeuble qui accueille l’entreprise qui l’emploie. Et on attend le moment où elle cessera d’idolâtrer sa supérieure qui, pourtant, ne lui veut pas que du bien.  

J’ai aimé l’histoire en elle-même mais ne pourrais pas parler de coup de cœur, loin de là. Après Métaphysique des tubes, il s’agit de ma seconde rencontre avec l’univers particulier d’Amélie Nothomb. Mon impression reste sensiblement la même : un récit sympa, très bien écrit, mais entaché, à mon goût, par un trop plein d’excès qui m’agace sur des passages entiers.  
Je sais que le personnage d’Amélie existe par ses excès, et, sur une bonne partie de la lecture je les savoure. Mais pour la deuxième fois il m’est arrivé de franchement bouillonner intérieurement quand la jeune femme se prend pour Dieu/le Christ/un martyr/etc. Elle part alors dans des délires que j’ai du mal à suivre et me donne de furieuses envies de la secouer pour la faire redescendre sur terre. J’imagine que c’est ça aussi Amélie Nothomb…

En bref : une lecture déroutante. Parfois agréable parfois horripilante. Je pense que je vais continuer mon exploration de cet univers particulier qu’est celui de l’auteure belge pour essayer de mieux le comprendre (si cela est possible…). 

— Le plus : un livre court et rythmé qui se lit très vite. Idéal pour les lecteurs pressés ou en manque de temps pour se plonger dans un gros pavé. 

— Le moins : vous l’aurez compris… ce livre m’aura irritée ?.

Le Japon est le pays où le taux de suicide est le plus élevé, comme chacun sait. Pour ma part, ce qui m’étonne, c’est que le suicide n’y soit pas plus fréquent.