Un shoot d’Histoire, un bonbon d’émotion, une claque visuelle !
Le sable et la poussière partout, tout le temps. Filtrant le soleil le jour, masquant les étoiles la nuit. Jusque dans les poumons des enfants, le sable est partout. Cette région était pourtant encore récemment une plaine fertile. L’élevage et la culture ont arrosé la terre, anéanti l’herbe, transformant cette région déjà sujette aux sécheresses en un tourbillon de poussière. Le Dust Bowl.
Etats-Unis, 1937, la crise fait des ravages en ville comme à la campagne. L’agriculture n’est pas épargnée, loin de là. Pour faire un état des lieux de la pauvreté et toucher l’opinion publique, la Farm Security Administration, chargée d’aider les fermiers victimes de la Grande Dépression, envoie des reporters sur le terrain.
John, jeune journaliste fougueux est envoyé dans le Dust Bowl avec une liste de sujets à photographier. Orphelins, enfants affamés, sécheresse… Il s’applique à cocher les cases, avec une presque naïveté, quitte à mettre un peu en scène (après tout, on le lui a conseillé).
Mais rapidement la réalité se heurte à lui. Tout comme les maisons ne peuvent résister à l’invasion de poussière, il ne peut s’empêcher de remettre en question sa mission, mais aussi sa personne tout entière. Un parcours initiatique, une histoire de rencontres humaines auxquelles il ne s’était pas préparé.
Nous le suivons dans un roman graphique qui n’aurait pas pu mieux porter son nom. Les planches sont saisissantes. Contrastes, profondeurs, couleurs… On pourrait presque entendre le vent siffler, sentir le sable sous nos doigts, la poussière dans notre bouche… Si les personnages sont fictifs, la réalité des populations qui ont subi ces jours de sables pendant de longues années est bien là. Palpable. Renforcée par quelques clichés d’époques qui nous plongent plus encore dans cet univers de misère et de poussière. Mais aussi univers d’hommes, et de femmes et d’enfants.
Je n’irai pas plus loin, j’en dis peut-être déjà trop. Mais j’ai aimé, oh combien aimé, cette lecture émouvante.
Je ne connaissais pas l’histoire du Dust Bowl et le destin de la population victime de ce phénomène, et je remercie l’auteure de nous offrir une immersion si réussie dans cette époque. J’ai beaucoup apprécié les pages documentées en fin de livre, où j’ai notamment eu le plaisir et la surprise de retrouver Dorothea Lange, que j’avais découverte dans Une histoire de la photographie pour tous.
Bref, c’est un sans faute, un carton plein, un oui !
Jours de sable sort en librairies le 21 mai, chez Dargaud.
Il mérite une place dans vos bibliothèques.
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